Bob Muglia est vice-président senior de la division Server and Tools Business de Microsoft, laquelle pèse plusieurs milliards de dollars. A ce titre, il entend jouer un rôle central pour faire de l’éditeur un acteur de premier plan dans le domaine du Cloud Computing. Il incombera à Bob Muglia de s’assurer que Windows Azure et la plateforme de services Azure (Azure Services Platform) attenante soient pleinement opérationnels et compatibles avec les principaux produits d’infrastructure de Microsoft.
Bob Muglia a rejoint Microsoft à la fin des années 1980, afin de travailler dans le groupe SQL Server. Dans cette interview, Bob Muglia explique pourquoi il est convaincu que la plate-forme de services Azure sera la plate-forme de prochaine génération pour les développeurs.
Le défi pour les développeurs portera-t-il sur la manière de créer des services ou sur le type de service à élaborer ?
L’ensemble devra gagner en maturité, tant sur le plan des logiciels que des services, ou encore du point de vue d’un développeur devant appréhender la manière de créer ces applications et le temps nécessaire à cette tâche. Il n’existe que quelques instanciations d’applications de services à évolutivité horizontale dans le monde. J’ai la quasi-certitude que Google en a construit une avec son moteur de recherche.
Nous en avons créé une avec notre moteur de recherche et je soupçonne Amazon d’en avoir une, vue la manière dont ils ont créé tout leur système de vente en ligne et c’est probablement aussi le cas pour Yahoo ! Nous parlons donc d’une poignée d’applications de premier plan qui ont été bâties au moyen du modèle à évolutivité horizontale dont j’ai parlé pour réduire les coûts des opérations dans ces applications énormes. Le problème est que le talent pour créer tout cela est très limité. Un responsable informatique type n’a pas la capacité et une équipe de développement normale n’a pas la capacité de le faire…
Notre objectif avec Azure et Visual Studio est de prendre et d’introduire un modèle d’application avec quelque chose dont le développeur lambda pourra tirer parti pour construire des applications exploitables. L’architecture normative, qui repose sur les rôles Web, les rôles de processus ouvrier et le stockage des données, peut constituer un défi pour certains développeurs. Certes c’est une architecture existante, mais elle n’est pas très répandue.
Par conséquent, il s’agit d’une nouvelle manière de penser. Au fil du temps, vous allez voir que nous allons commencer à intégrer tout cela dans le kit d’outils. Le but est que cela devienne en quelque sorte automatique pour les développeurs créant des applications qui s’exécuteront dans ce type d’environnement. Ainsi, cela deviendra une seconde nature pour ces personnes de créer ces applications, tout comme c’est une seconde nature pour elles de créer des applications Windows ou des applications Web. J’entends par là que c’est l’architecture qui doit être utilisée.
Vous parlez de ce que VMware et quelques autres sociétés font, mais vous ne pouvez pas résoudre le problème à moins de fonctionner au niveau applicatif. Il s’agit d’un atout que Microsoft peut apporter au secteur, à savoir mettre ce type de développement d’applications à la portée de tous.
Comment les développeurs peuvent-ils utiliser Windows Azure pour étendre les versions en ligne de produits tels que SharePoint, CRM et Exchange ?
La question est : comment Microsoft étendra nos applications existantes en les intégrant dans l’infrastructure Azure et comment fera-t-il pour qu’elles soient utilisables ? Nous pouvons ouvrir la pratique des développeurs, par exemple en leur facilitant la tâche d’écriture de composants Web afin d’étendre la version hébergée de SharePoint, et la reconnecter à leurs systèmes métier en ligne installés sur site. Un parfait exemple concerne les entreprises qui s’inscrivent pour des portails SharePoint en ligne sur Internet et mettent à profit notre capacité à fournir tout l’environnement de développement. Mais, sans Azure, notre capacité à accomplir ce travail sera plutôt limitée.
Les produits SharePoint Services et Dynamic CRM Services annoncés lors de la PDC feront-ils partie intégrante de la plate-forme de services Azure ?
Il faut les voir comme des extensions de la plate-forme. SharePoint constitue un formidable exemple de cette approche: il s’agit à la fois d’une application orientée utilisateur final et d’un composant de la plate-forme applicative sous-jacente. Il en va de même pour CRM. Lorsque vous travaillez sur la gestion de la relation client et que vous souhaitez exposer vos processus métier associés, c’est précisément ce que fait cette application. Vous pouvez considérer la plate-forme Azure comme fournissant un ensemble de services que les clients peuvent utiliser pour les versions hébergées de CRM et de SharePoint, et potentiellement pour les versions installées sur site de ces produits. Ils peuvent même les intégrer ensemble.
La CTP a-t-elle été ouverte à un public élargi depuis la PDC ?
Elle l’a été et nous allons continuer d’élargir son ouverture. A cet égard, différents services vont s’ouvrir à des rythmes différents. Par exemple, nous allons ouvrir nos services d’identité, les services de base de données et les services de workflow un peu plus rapidement que nos services de calcul, même si ceux-ci vont également s’ouvrir rapidement. Vous avez une multitude de concurrents pour Azure et tous ne viennent pas du secteur informatique, l’exem ple le plus notable étant Amazon.
Certains observateurs sont impressionnés par les réalisations de cette société. Il nous faut rendre hommage à Amazon. Le fondateur et PDG d’Amazon, Jeff Bezos, a fait un excellent travail en ouvrant la voie à de nombreux aspects de ces services. Ils ont certains actifs qu’ils ont créés pour leurs applications de commerce utilisées en interne. Je considère Amazon comme une société avec laquelle nous sommes en concurrence, mais que nous traitons en grande partie comme un client.
Nous voyons également des opportunités de nouer un partenariat avec eux. Leur modèle diffère de nombreux autres, mais je pense qu’il y a de nombreux partenaires d’hébergement auxquels nous ouvrons des possibilités avec Windows et Amazon constitue un partenaire formidable dans ce contexte.
Vous voyez donc la possibilité de nouer une relation avec Amazon?
Tout à fait. En réalité, nous avons déjà établi une relation avec Amazon. Ils proposent désormais Windows à un prix compétitif. Un aspect que j’apprécie est le fait qu’ils offrent un hébergement basé sur Windows pour les services Web Amazon à un coût moindre que pour Red Hat Linux. En Amérique du Nord et dans d’autres régions du monde, ils ont une logistique et des systèmes de distribution fantastiques. Nous ne le faisons pas et vous ne verrez pas Microsoft sur ce terrain avant longtemps. Nous voyons des domaines où il existe des complémentarités naturelles avec Microsoft.
Quels concurrents vous empêchent dormir la nuit ?
En fin de compte, je vois tous ceux qui ont les mêmes ressources dans l’univers des services. Nous pensons clairement que Google est notre principal concurrent à long terme dans ce domaine. VMware est un concurrent d’envergure pour nous. Je pense que, maintenant, nous sommes plus au coude à coude sur le terrain des installations sur site que concernant Internet. Le nuage Internet est quelque chose de naissant pour VMware et nous-mêmes. VMware est le leader en matière de virtualisation, mais nous comblons très rapidement notre retard. Les développeurs qui ont téléchargé la CTP sont satisfaits de ce qu’ils ont vu jusqu’à présent, mais Microsoft doit aller jusqu’au bout de sa démarche. C’est sûr, il reste encore beaucoup de choses à venir ! Ce n’est qu’un début. Je me souviens de la PDC de 1992 où nous avions présenté pour la première fois Windows NT. C’était très prometteur et nous n’en étions qu’aux débuts. Maintenant, regardez tout ce qui a été bâti là-dessus dans le monde informatique.
Avez-vous un calendrier concernant la présentation d’informations plus précises sur Azure ? Vous en saurez probablement plus au cours de la PDC. Quel sera le modèle de tarification adopté par Microsoft ?
Nous allons avoir trois modèles de tarification. Certains services seront gratuits et financés par la publicité. Un modèle de tarification axé sur l’utilisation ou les abonnements prévoira des frais à l’utilisation pour certains services. Nous allons également avoir des frais individualisés pour des services plus axés sur l’utilisateur, comme c’est le cas avec SharePoint et CRM. Ces derniers font l’objet d’une facturation utilisateur mensuelle. Les modèles que nous allons étoffer au fil du temps sont les services détaillés basés sur l’utilisation. Il y a fort à parier que ce sera la méthode retenue pour Windows Azure et nos services de base de données.