Arian Papillon, président du GUSS (Groupe des Utilisateurs francophones de Microsoft SQL Server), est également le fondateur de Datafly, société de services spécialisée notamment dans la base de données.
De SQL Server 2000 à SQL Server 2012
Récemment certifié MVP SQL Server, il raconte son premier projet de migration vers la version 2012 de la solution Microsoft et évoque les nouveautés du produit.
SQL Server 2012 est aujourd’hui disponible. Les entreprises ont-elles intérêt à migrer dès maintenant ?
Arian Papillon : Une idée communément répandue est qu’il faut attendre les premiers correctifs d’une nouvelle version avant de se risquer à l’utiliser. Ce n’est plus vrai maintenant : SQL Server est un produit mûr et chaque nouvelle version hérite des tout derniers correctifs de la précédente. On peut donc migrer sans crainte. Ce serait dommage d’attendre pour profiter des nouvelles fonctionnalités…
Quels sont ses avantages par rapport à Oracle Database et IBM DB2 ?
Le coût bien sûr, qui motive nombre de migrations depuis déjà un moment, en particulier depuis Oracle. Avec SQL Server, les fonctionnalités, selon la version choisie (entreprise, standard, BI) sont incluses et ne nécessitent pas l’acquisition d’options supplémentaires comme chez certains concurrents. On peut aussi noter la simplicité de mise en oeuvre et d’utilisation qui reste l’apanage de la solution Microsoft, sans pour autant perdre en richesse fonctionnelle.
La présence d’une très importante communauté de professionnels est aussi un atout intéressant : rien de plus facile que d’obtenir une information technique ou un tutoriel avec nombre de sites spécialisés, blogs et forums, même en français. Visitez par exemple le site du groupe des utilisateurs francophones !
Le nouveau modèle de licencing (facturation au nombre de coeurs) est-il une bonne chose pour les utilisateurs ?
Les plates-formes matérielles ont évolué. Quatre coeurs est le standard et huit coeurs sont maintenant courants ! Le mode de licences par processeur des versions précédentes (une licence quel que soit son nombre de coeurs) était une aubaine pour acquérir SQL Server à faible coût et le déployer sur des serveurs de plus en plus parallèles. Tout a une fin et c’est dans l’ordre des choses…
Il faut noter cependant que pour un serveur 4 cores, le tarif n’a pas augmenté. Il reste aussi pour les versions Standard et BI la possibilité de fonctionner avec un licensing par serveur + CAL (licences d’accès par client).
Le premier projet de migration est en cours chez Datafly. Comment se déroule-t-il ?
Nous travaillons actuellement sur une migration de SQL Server 2000 vers 2012 : le grand saut de générations. Le choix de 2012 a été naturel : migrer vers la dernière version disponible et profiter dans la foulée de nouvelles fonctionnalités comme par exemple la haute disponibilité (AlwaysOn).
Il s’agit d’applications critiques en milieu hospitalier : l’indisponibilité lors de la migration doit être très courte et par sécurité on doit pouvoir faire un retour arrière vers SQL Server 2000 sans perte de données. Vous pouvez revoir à ce sujet le webcast de ma présentation aux journées SQL Server de décembre dernier.
Nous avons de nombreuses expériences de migration de 2000 ou 2005 vers 2008 R2. Les problématiques de la migration vers 2012 sont en grande partie les mêmes : code SQL ou fonctionnalités dépréciées, changements de comportement du moteur, etc.
Mais l’écart de générations entre 2000 et 2012 pose aussi de nouveaux problèmes. La mise à niveau doit par exemple se faire nécessairement en 2 étapes puisqu’il n’y a pas de chemin direct de 2000 à 2012. La communication entre ces deux versions est plus complexe à mettre en œuvre puisque pour la réplication ou les serveurs liés, sauf à utiliser quelques astuces, SQL Server 2012 ne peut pas se connecter à un SQL Server 2000 ! Microsoft a également supprimé dans cette version 2012 le mode de compatibilité 80 qui permettait dans la version précédente d’accepter certaines syntaxes incompatibles issues de SQL Server 2000.
La phase la plus longue sur ce genre de projet reste toujours le test des applications. C’est à cette étape que nous sommes actuellement. Une fois les corrections effectuées et le fonctionnement conforme validé, ce qui peut prendre plusieurs semaines ou mois, la migration proprement dite, bien préparée, se fera en quelques minutes !
Il est beaucoup question ces derniers temps de In-Memory Computing dans le domaine de la base de données. Quels en sont les avantages et où les retrouve-t-on dans SQL Server 2012 ?
Voici l’exemple d’une évolution des technologies pilotées par les plates-formes : la RAM est de plus en plus importante sur les serveurs et stations de travail, son coût a baissé, les architectures matérielles (NUMA) en ont optimisé l’accès. Ces technologies, autrefois réservées à des domaines spécialisés, deviennent maintenant accessibles, loi de Moore oblige.
Microsoft investit déjà depuis un certain temps sur les technologies In-Memory : le moteur Vertipaq de l’add-in Excel PowerPivot en était le premier exemple. Avec SQL Server 2012, Vertipaq a changé de nom et se nomme « xVelocity in-memory analytics engine ». Et il est aussi disponible côté serveur dans Analysis Services : on a maintenant le choix lors de l’installation d’une instance entre le moteur OLAP multidimensionnel et le moteur tabulaire (PowerPivot/Vertipaq/xVelocity…).
SQL Azure est-il un concurrent à SQL Server ?
Ce n’est pas un concurrent : c’est aussi du SQL Server, qu’on peut même piloter dans Management Studio ! Il s’agit surtout d’un modèle économique différent, bien inscrit dans l’ère du cloud et du SaaS (Software-as-a-service).
SQL Azure ne répond pas aux mêmes besoins ni aux mêmes projets. Il conserve des limites en termes de dimensionnement des bases ou de fonctionnalités avancées par rapport à un serveur interne installé en version entreprise. La solution cloud ne convient pas à tous les types de projets, mais elle offre les avantages du nuage : exploitation allégée, accès de partout, SLA garanti, outils intégrés, etc.
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