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Nouvelles extensions web : « Un tsunami pour les entreprises »

Tech - Par Guillaume Rameaux - Publié le 15 mai 2013
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NetNames (anciennement InDom) aide les entreprises à mieux gérer leur portefeuille de noms de domaines.

Nouvelles extensions web : « Un tsunami pour les entreprises »

Avec l’arrivée imminente de plusieurs centaines de nouvelles extensions web, les enjeux peuvent être colossaux pour celles qui disposent de plusieurs milliers de marques déposées et des noms de domaines associés. Patrick Hauss, Directeur Commercial et Marketing de NetNames France,  conseille aux organisations de se préparer.

iTPro.fr : En décembre dernier, Indom est devenu NetNames. Pourquoi ce changement de nom ?

Patrick Hauss : Le groupe anglais NBT a racheté la société française Indom pour 17 millions d’euros, avant que celui-ci ne soit lui-même racheté par le fonds d’investissement britannique HG Capital. C’est ce dernier qui a décidé de rationaliser les marques du groupe autour du nom NetNames. Alors qu’Indom était une entreprise de 50 personnes gérant 200 000 noms de domaines, NetNames est aujourd’hui présent dans 10 pays, emploie 400 personnes et compte 2,5 millions de noms de domaines dans son portefeuille.

Que vont changer les nouvelles extensions dans la stratégie web des entreprises ?

Aujourd’hui, un bon portefeuille de noms de domaines doit être calé sur le cycle de développement de l’entreprise. Il n’est plus question de réserver des centaines de noms de domaines pour des coûts importants. L’arrivée prochaine des nouveaux noms de domaines est une épée de Damoclès au-dessus de la tête des entreprises. Ce sont potentiellement 1 200 nouvelles extensions qu’il va falloir gérer et qui vont demander un lourd travail de refonte des portefeuilles. Ce sera très douloureux à digérer pour les entreprises et si elles ne sont pas préparées, ce sera un véritable tsunami. Il faut partir du portefeuille existant, l’écrémer et imaginer les futurs noms de domaines à réserver. Nous travaillons actuellement sur une liste de près de 2 000 extensions candidates et menons une réflexion à la fois marketing, juridique et SEO.

Quand ces nouveaux noms de domaines vont-ils arriver ?

Le processus suit son cours au niveau de l’Icann (instance en charge du Système des Noms de Domaine ou DNS, ndlr) qui est en train de finaliser les évaluations initiales. Lorsque celle-ci est réussie, c’est pratiquement un feu vert pour le lancement. Il ne reste plus alors qu’à signer avec l’Icann un contrat de dix ans pour l’exploitation de l’extension. Ensuite, il y a la phase d’implémentation technique dans la racine d’internet. Plusieurs centaines de nouvelles extensions ont déjà été validées et les premières devraient voir le jour au milieu de l’été.

Est-ce que ces nouvelles extensions vont réellement générer un engouement important ?

Il y a déjà eu de nouvelles extensions avec le .biz, le .info ou le .eu. et cela n’a pas été un franc succès. Cette fois, c’est plus l’effet de masse et la multiplicité des opportunités qui risquent de jouer. 1 930 dossiers ont été déposés auprès de l’ICANN : .google, .hermes, .paris,… C’est le large choix qui laisse imaginer une possibilité de succès. Beaucoup de prestataires ont lancé des dispositifs de pré-réservation et certains ont annoncé des dizaines de milliers de demandes. À l’échelle de 250 millions de noms dans le monde, ce n’est pas énorme, mais en regroupant tous les différents prestataires, on arrive certainement à plusieurs millions. Des ultra-optimistes annoncent jusqu’à 800 millions de noms. Il est difficile de placer le curseur entre un million et 800 millions.

Comment protéger son nom ou sa marque ?

Un processus de droit de priorité a été mis en place pour les marques. Une condition fondamentale est d’enregistrer sa marque dans une base de données mondiale lancée le 26 mars dernier et appelée la Trademark Clearing House (TCH). Il faut alors compter aux alentours de 200 euros par marque déposée. Ce dispositif n’est pas parfait mais a au moins le mérite d’exister et peut permettre aux entreprises d’aborder plus sereinement l’arrivée des extensions.

Cela dit, des budgets importants vont être nécessaires pour réserver les noms et en ce moment, les entreprises n’ont pas ces budgets. Il faut donc entamer un travail de rationalisation dans les portefeuilles de noms de domaines et retravailler la stratégie de communication de l’entreprise. L’entreprise qui aura l’audace d’abandonner son .com par exemple se lancera dans un projet d’envergure en termes de marketing et communication. De la politique de référencement au papier à en-tête en passant par les cartes de visite et les nouveaux messages à diffuser, les chantiers sont colossaux mais c’est en même temps une opportunité nouvelle d’utiliser le monde du nommage de façon différente pour s’adresser à ses clients.

Faut-il attendre des conflits autour de certains noms de domaine ?

Il y en aura énormément puisqu’on continuera à observer de la nuisance autour des marques notoires.  Une procédure d’arbitrage est prévue et nommée UDRP (Uniform Domain-Name Dispute-Resolution Policy, ou Procédure Uniforme de Résolution des Litiges, ndlr) mais il faudra compter 3 000 euros et 60 jours pour la procédure. L’Icann a également prévu une démarche allégée, l’URS (Uniform Rapid Suspension System ou Système de suspension rapide uniforme, ndlr), pour permettre avec des délais et des coûts réduits de suspendre l’utilisation du nom.

Ce sera au gestionnaire de chaque extension de mettre en place un registre pour gérer ces contentieux.  Même si de grands principes devraient se dégager, comme la priorité à la marque la plus ancienne ou à celle qui paiera le plus cher, chacun aura sa procédure propre. Les choses s’annoncent donc compliquées pour les entreprises.

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