L’ERP est-il en perte de vitesse ? Pour le moment, non. Mais se poser la question, c’est déjà donner une indication de réponse. S’il est suffisamment hégémonique pour ne pas être directement menacé par l’émergence des technologies Low Code et No Code, l’ERP est néanmoins obligé de s’adapter pour survivre. Quitte à embrasser son bourreau ? Pas si vite…
Low Code – No Code vs ERP : match en cours ?
Frédéric Champalbert, Directeur Général France et corporate vice-président de Prodware partage son point de vue sur le sujet.
Parfaites images de la complexité technologique, les ERP sont bel et bien aux antipodes de la philosophie du concept Low Code No Code. S’il ne fait pas de doute que les progiciels de gestion intégrés à venir devront tous intégrer des dimensions de ces technologies émergentes, quelle est la nouvelle frontière entre ces deux modes de fonctionnement en apparence si différentes ? Est-ce le crépuscule d’une idole ? Ou, au contraire, le Low Code No Code est-il pour l’ERP un ajout revigorant ?
Vers l’ERP augmenté…
Il y a quelques années, on pouvait entendre de façon récurrente l’expression d’une certaine forme de dédain vis-à-vis des solutions technologiques ayant nécessité peu ou pas de codage. Comme si l’évaluation de la qualité finale du produit ne pouvait être favorable que si son processus de développement était complexe. Or, la complexité du processus et la qualité du produit final sont deux notions aujourd’hui décorrélées. Désormais, on privilégie la valeur ajoutée de l’outil et son usage. Peu importe que sa constitution soit basique ou extrêmement sophistiquée, l’outil est pertinent s’il est efficace. Point. Les technologies Low Code et No Code sont peu à peu devenues de très forts leviers d’innovation. Elles permettent d’aligner l’entreprise sur son marché, de la positionner sur les enjeux de croissance de son secteur.
ERP + Low Code + No code
L’ERP est une branche supplémentaire de cette transition. Outil par essence au cœur de la stratégie de l’entreprise et donc de son développement, son amélioration par l’ajout de briques Low Code et No Code est un atout formidable. Et bientôt incontournable : en 2024, on estime qu’environ 70% des applications seront créées en Low Code ou No Code. Dans cette perspective, difficile de croire que les ERP ne participeront pas à cet essor.
(Dé)coder les nouveaux besoins
Prenons l’exemple de la facturation électronique. Elle exige de plus en plus de communication via des portails numérisés, pour les équipes internes, les fournisseurs, les clients… Pour les générer, sans sacrifier la fiabilité des échanges et interactions, les technologies Low Code et No Code permettent une plus grande fluidité et une plus grande réactivité dans leur création d’une part, mais aussi dans leur maintenance, sans oublier leur sécurité. Autre atout considérable des technologies Low Code ou No Code : leur précision. Plutôt que de correspondre à un enjeu purement théorique, elles répondent à un besoin immédiat, concret, pragmatique et précis. La réactivité est d’ailleurs à ce prix. Le temps de latence entre la décision de créer une application et son utilisation finale est réduit à peau de chagrin : un seul décideur, un seul développeur, un seul utilisateur, une seule solution. Chirurgical.
Question rhétorique : peut-on faire le même constat avec un ERP ? Évidemment, non. L’ERP ne fonctionne ni sur le même principe, ni sur les mêmes enjeux, ni sur les mêmes échelles. C’est précisément l’alliage des deux types d’outils qui peut aider l’entreprise à assurer sa stabilité tout en la préparant aux enjeux de demain.
Optimiser le R de l’ERP
Dans Enterprise Resource Planning, il y a Resource. Oui, on peut dire que c’est une lapalissade. Mais si on retient souvent l’outil, on a parfois tendance à en oublier l’essence. Pour analyser l’impact d’un bon logiciel de planification des ressources de l’entreprise, il est fondamental de s’intéresser à son impact spécifique sur lesdites ressources. Or, la principale ressource de l’entreprise, c’est… l’humain. Premières bénéficiaires d’un ERP pertinent, les équipes sont pleinement influencées par sa capacité à intégrer des briques Low Code et No Code. Dans leur travail quotidien, ces dernières permettent un allègement considérable de la charge mentale des utilisateurs, notamment par le volume conséquent d’automatisation des tâches, tandis que les ERP traditionnels nécessitent une alimentation constante.
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Citizen zen zen
Terme à la mode avec l’essor des technologies Low Code et No Code, la notion de Citizen Developers est plus qu’un nouvel anglicisme en vogue. C’est un fort levier d’engagement des équipes, car le concept permet de donner ou d’ajouter du sens à leur action. Chacun peut désormais développer une application dont il aurait identifié la nécessité. Cette évolution correspond en outre à une tendance plus générale de la société vers toujours plus de technologies. Tous ces éléments participent d’une dynamique très favorable pour les équipes, qui rejaillit dans une synergie précieuse sur toute l’entreprise.
Suivez-moi : Franck, chargé de projet RH, a toujours eu du mal à utiliser son logiciel de gestion de la présence au travail. Pas de chance : avec l’émergence du télétravail, le logiciel n’est plus du tout à jour, et les services IT sont débordés. Il a entendu parler de nouvelles applications faciles à créer, mais la dernière fois qu’il a voulu installer une application sur son smartphone, il a dû faire appel à son beau-frère. Et Franck n’aime pas tellement son beau-frère. Mais Yasmina, sa nouvelle collègue, a suivi une formation de deux jours sur les technologies Low Code et No Code. En un après-midi, l’extension est créée, et le lendemain, le problème de Franck est résolu. Chronologie non contractuelle, toute ressemblance avec des personnages réels est fortuite. Mais quand même, on voit bien l’intérêt d’une harmonisation des deux types d’outils, non ?
Le Shadow IT sort de l’ombre
La propension des équipes à se doter d’applications rapidement pour un usage très spécifique est en réalité une pratique bien connue : le Shadow IT. Quand la solution n’existe pas dans le Système d’Information, le collaborateur va la chercher ailleurs, quitte à bricoler, avec tous risques de sécurité, voire financiers, que cette pratique peut impliquer. Avec le Low Code et No Code, cette habitude est vouée à disparaître. Dans ce nouveau cadre, le constat d’un manque est directement suivi d’une création d’application qui y répond.
L’ERP navigue dans un monde de process quand le Low Code No Code se base sur l’usage. Logique technique et promesse de simplicité, back office et front office, outil stable et solide, amélioration de l’expérience utilisateur : les points de complémentarité sont si nombreux qu’il est difficile de distinguer deux concurrents en compétition. Spectatrices, spectateurs, les deux adversaires se sont mis d’accord : ils joueront ensemble plutôt que l’un contre l’autre. Finalement, le match n’aura pas lieu.
Frédéric Champalbert est Directeur Général France et corporate vice-président de Prodware de Prodware SA depuis 2021. Diplômé de l’Insead (2011), Frédéric Champalbert a réalisé sa carrière dans des fonctions commerciales dans de grandes sociétés de services informatiques (SSII) et chez SAP France, il a également une très forte expérience dans les fonctions exécutives internationales chez des éditeurs de Software Américains.
Sa connaissance des nouvelles technologies, sa vision business et son mode de management sont des atouts pour accompagner la stratégie de leader de Prodware dans la transformation digitale des entreprises.
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