Le recours à l’IA et aux robots dans l’industrie : opportunité ou menace ?

Tobias Wölk, Product Management Automation Technology chez reichelt elektronik partage son point de vue sur le sujet.

Les robots sont-ils des voleurs d’emplois ?

Évoquer simplement la pénurie de personnel qualifié ne suffit pas à décrire l’ampleur du problème ; il s’agit plutôt d‘une pénurie de main-d’œuvre à l’échelle nationale. Il n’est donc pas surprenant que l’industrie se tourne de plus en plus vers la robotisation. Toutefois, cela ne signifie pas pour autant que les robots rendront le travail humain superflu ou qu’ils occuperont nos emplois à moyen ou long terme. Dans les prochaines années, les activités concernées par la robotisation seront celles qui exigent un haut degré de reproductibilité, ainsi qu’un taux d’erreur très faible, telles que la production ou la logistique de stockage.

Dans le secteur de la production, les robots collaboratifs (dits cobots), ces robots de petite taille vont venir assister principalement les êtres humains en agissant comme un bras supplémentaire. Contrairement à leurs « grands frères », les robots industriels, les cobots ne sont pas cantonnés derrière une barrière de sécurité, mais peuvent travailler main dans la main avec des spécialistes ayant reçu une formation appropriée. Si les entreprises parviennent à former leur personnel de manière adéquate, les robots ne nous voleront pas nos emplois, bien au contraire, puisque ces processus homme-machine éprouvés permettent déjà de gagner en efficacité et en productivité.

Le rôle de l’intelligence artificielle ?

Autre facteur pouvant conduire à une amélioration de la productivité, l’utilisation ciblée de l’IA. Dans la production française, les projets s’appuyant sur l’IA visent principalement à optimiser les processus. Il est souvent question de Machine Learning (ML) : sur la base des données collectées, les algorithmes sont adaptés ou développés par l’IA. De cette façon, les robots peuvent se familiariser avec le fonctionnement logiciel au cours du processus et se transforment progressivement en assistants intelligents, capables de prendre en charge de plus en plus de tâches habituellement. En contrepartie, le collaborateur peut alors se consacrer à des tâches à plus forte valeur ajoutée. A n’en pas douter, d’ici à cinq ans environ, l’utilisation de l’IA deviendra la norme dans l’industrie.

Jusqu’où irons-nous ?

Face à la situation actuelle du marché du travail, il est tout à fait réaliste de prédire que le nombre de robots et de cobots utilisés dans les entreprises continuera d’augmenter. De plus, la courbe d’apprentissage des machines est bien plus rapide, notamment grâce au ML.  

L’utilisation de l’IA ne peut être porteuse de promesses que si elle s’accompagne d’une stratégie élaborée qui s’appuie sur le personnel de l’entreprise dès le début du projet. Pour pouvoir surmonter les craintes et les préjugés liés à l’IA, les collaborateurs ont besoin d’être impliqués le plus tôt possible pour abattre les craintes et les méfiances encore répandues aujourd’hui face à cette technologie. En effet, savoir utiliser l’IA et la robotique constitue une véritable opportunité, à condition que les salariés soient formés en conséquence. Si ces derniers doivent suivre une formation une fois le projet mis en place, le processus est généralement plus long et plus coûteux.

Si les entreprises parviennent à mettre stratégiquement en place la robotique et l’IA au sein de leurs processus, les bénéfices tirés ne seront pas visibles seulement sur le chiffre d’affaires. Les êtres humains et les machines peuvent apprendre les uns des autres et rendre ainsi la production plus efficace sur le long terme. Le trésor de données auquel l’IA a accès est une source d’informations quasiment inépuisable, qu’il s’agit d’utiliser à bon escient. Si les entreprises prennent conscience de leurs besoins et n’utilisent pas la technologie uniquement pour se faire plaisir en se cantonnant à des innovations technologiques de surface, elles sortiront également renforcées de la crise liée à la pénurie de main-d’œuvre. Les robots ne sont pas là pour se substituer à nos emplois ; au contraire, ils peuvent nous aider à améliorer notre manière de travailler.