par Mireille Boris
Le projet Monterey qui a réuni IBM, SCO et Intel pour le développement d'un Unix
64 bits standard donne naissance à un AIX 5 L. Volens nolens, tous les OEM Intel,
de Compaq à Unisys, vont supporter de l'AIX…IBM l'avait-il imaginé il y a un an?
Monterey a été le nom de code de l'action concertée entre IBM, SCO et Intel. Au
coeur du programme de développement, un Unix 64 bits dont AIX d'IBM, flanqué d'Unixware
de SCO et de Dynix ptx de Sequent, était l'élément le plus important. Objectif
: approcher en OEM les machines Intel.
Or, il s'est avéré que le nom le plus porteur était… AIX
Cet Unix collectif étant prêt à sortir en juillet dernier, il s'est agi de le
baptiser. Des agences de communication ont été consultées. Or, il s'est avéré
que le nom le plus porteur était… AIX. "Avec le succès du S80, AIX avait une image
très forte sur le marché", note Jean-Marc Ferré d'IBM. AIX 5, à cause de sa composante
Power PC dont l'AIX en était à la V4 et AIX 5 L pour bien indiquer que l'affinité
Linux est incluse dans cette nouvelle version. AIX 5L for Power, AIX 5L for IA
64 en attente de machines Itanium prévues pour le 10 octobre étaient disponibles
en août. Mais les 2000 machines 64 bits Intel en circulation étant toujours considérées
comme expérimentales et leur sortie en volume étant une fois de plus retardées
jusqu'en avril 2001, la décision fut prise de ne pas se presser. Aix 5.0L for
Power, 5.0L IA-64 restent des versions d'évaluation pour éditeurs. Les versions
de production d'Aix 5.1L for Power et for IA-64 sortiront en avril en même temps
que les serveurs Intel.
"Notre objectif premier est toujours un Unix standard, partagé par un marché plus
large, avec un Unix qui a déjà fait ses preuves sur Power", affirme Jean-Marc
Ferré. Rien de changé dans l'accord avec Intel, qui apporte de l'argent pour financer
les approches des éditeurs, ni dans l'adhésion d'un certain nombre de constructeurs.
Compaq a communiqué sur ce sujet. Les Proliant supporteront AIX. Il n'y a pas
d'autre alternative, Compaq ayant cessé de développer Tru64 sur plate-forme Intel.
SCO apporte à AIX 5 L un support constant. La stratégie de Caldera est de supporter
des plates-formes Linux 32 bits, mais la composante SCO est plus robuste. Il va
falloir un certain temps pour que Linux 64 bits monte en puissance de la même
manière.
Benoît Maillard, de SCO-Caldera, confirme : "La division Serveurs et Professional
Services de SCO est devenue Caldera Inc.. Le travail continue. Quand le nommage
de l'OS Monterey 64 a été décidé, le choix s'est porté sur AIX 5L, malgré une
petite résistance de la part de SCO. Mais prendre un nouveau nom aurait été perturbant
dans un marché Unix en phase de consolidation. La bannière AIX est haut de gamme,
ouverte, avec une connotation Linux. La filiation AIX est rassurante, et l'ouverture
multiplates-formes d'IBM réelle à tous les OEM du marché. Les OEM ont fait un
peu la tête. Mais le business Unix sur Intel est profitable. Le volume des ventes
de matériel avec SCO a dépassé les 4 milliards de $. Cela ne peut que continuer
vers le haut. Unisys, Dell, Compaq, Bull, Fujitsu ou encore Acer jouent dans la
pièce, et avalisent ce support. Plutôt que de fragmenter, ils participent à la
consolidation. "
Une partie importante du travail de Monterey a porté sur les applications. Oracle,
BEA, BMC, CA, Cygnus pour les outils de développement, IBM logiciel, JDEdwards,
I2, Informix, Software AG, Brio, Candle, Sybase, etc.., ont adopté la plate-forme
très tôt. Actuellement, un système accessible à distance depuis le Web est mis
en place pour les développeurs. De leur centre de portage, IBM et Bull reçoivent
les développeurs de logiciels avec représentation locale des programmes de recrutement
des partenaires. Des centres semblables utilisant des octoprocesseurs Intel ont
ouvert à San Mateo, dans le Massachussets, en Allemagne et en Angleterre. Le catalogue
de logiciels sera prêt en même temps que la V 5.1 et les machines Intel.
Les fonctionnalités NUMA et LPart sont inscrites dans AIX 5.0 L
Issu de Monterey, AIX 5 L rallie Caldera et les OEM Intel
Le contenu du L d’AIX 5L ne manque pas d’intérêt. Il exprime la compatibilité
source des applicatifs Linux qui tourneront en binaire sur plate-forme AIX en
prenant en compte les drivers et gestion des ressources Linux. Sont ajoutés à
AIX des environnements familiers, comme l’interface graphique GNOME, ou des debuggers
connus de la communauté Linux. Les fonctionnalités NUMA (Non Uniform Memory Access)
issues du rachat de Sequent et LPart (partitionnement dynamique), issues de l’OS/390,
sont inscrites dans AIX 5.0 L. Mais ces deux technologies n’auront vraiment de
sens que lorsque le hardware coopèrera. Regata, successeur du S80, aura du LPart
matériel et du NUMA. « Nous voulons un NUMA le plus transparent possible », explique
Jean-marc Ferré. La technologie consiste à accéder depuis une boîte à la mémoire
d’une autre boîte. IBM a le projet de mettre des switches gommant la différence
de temps d’accès des deux mémoires, proche et distante, handicap jusqu’ici.
Dans AIX 5 L, sont encore inscrits deux autres héritages du Dynix ptx de Sequent,
le Multipass i/o, et le System V Print Spooler préféré des clients.
Une question reste ouverte, celle des logiciels de clustering. Le Non-Stop Cluster
de SCO/Caldera vient du Non Stop Kernel de Tandem. En 32 bits, il est vendu en
volume, avec 4×8 processeurs Intel et plusieurs To de données à la place des grands
clusters RISC. Ce cluster enfoui dans Unixware sera disponible pour AIX 5L au
même titre que le HACMP HA d’IBM.
Dans le développement d’AIX 5 L, Caldera fait jouer son expertise sur les rapports
avec le hard et la reprise de la compatibilité binaire des applications existantes
Linux à faire tourner sur Unixware. « Nous savons partager des binaires entre systèmes
d’exploitation différents », confirme Benoît Maillard. Caldera reçoit en héritage,
les 350.000 systèmes équipés par SCO livrés l’an dernier. Nombre d’entre eux supportent
les logiciels de Sage, JDEdwards ou Interlogiciel, qui, construits autour d’Oracle,
passeront au 64 bits. « Ce sont des produits capables d’évoluer, vers un marché
de volume de haute capacité », confirme Benoît Maillard.
L’offre Caldera est désormais double, Linux et Unix. Caldera va en tirer parti,
en facilitant par exemple les développements en Linux 32 bits et les exécutions
en Unix 64 bits, tant que Linux a un peu de retard par rapport à Unix, en termes
de disponibilité, de robustesse ou d’échange à chaud des périphériques. Les configurations
de serveurs haut de gamme seront sous Unixware. Il y a de la place sous Unixware
pour supporter les applications avancées. Unixware 7 Data Center Edition supporte
400 à 500 utilisateurs.
Or, il n’y aura pas d’autres Unixware 64 bits qu’AIX 5L… Ce sont des solutions
Unix sous Intel là où Linux n’est pas encore prêt. Gagnant côté Unix et côté Linux,
Caldera travaille parallèlement au développement accéléré d’un Linux standard
64 bits.
L’équipée Monterey aura singulièrement élargi les potentialités d’AIX dans le
monde Intel. En misant très tôt sur Windows NT pour les plates-formes IA-64 au
développement desquelles il a participé, HP n’a-t-il pas sous-estimé les chances
d’Unix sur Intel? Sun n’a-t-il par tort de limiter l’action de Solaris sur Intel
à la toute entrée de gamme. Les positions de leurs Unix respectifs – et partant
des processeurs PA-Risc pour HP, Sparc pour Sun, comparés aux PowerPC d’IBM, n’en
sortent pas renforcées.
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