Microsoft Exchange 2010 Server sera la septième version du système de messagerie de Microsoft qui, au fil des années, est devenu une référence en la matière. A chaque nouvelle version, on se demande ce que les développeurs de Redmond pourront ajouter à la version suivante.
Et bien, ils n’ont pas manqué d’imagination pour cette nouvelle mouture comme vous allez pouvoir le constater en lisant ces articles qui y sont consacrés. Oui, « ces articles », car contrairement à ce qui est pratiqué par la majorité des équipes de Microsoft, à savoir, une version majeure suivie d’une mineure, Exchange 2010 n’est pas la version R2 d’Exchange 2007 qui était présenté comme la version majeure. Avant de commencer, je souhaite juste vous préciser que ce qui est décrit est basé sur les versions bêta du produit et par conséquent, pourra évoluer au moment de la version finale.
Une fois n’est pas coutume, nous n’allons pas commencer par décrire les nouvelles fonctionnalités exposées aux utilisateurs ou aux administrateurs, mais vous parler d’un changement qui intéressera les architectes des messageries d’entreprise, ainsi que les financiers.
En effet, Exchange 2010 apporte un grand changement sur le sujet du stockage des données utilisateurs. Je vous vois venir !!! Vous vous dites que la base JET, qui est historiquement la base de données d’Exchange, a été remplacée par une base SQL. Et bien non. Ce changement a toujours été une rumeur, qui a effectivement fait l’objet de tests de la part de l’équipe produit, mais qui n’a jamais été adopté pour de multiples raisons.
JET reste donc le moteur de base de données d’Exchange 2010, mais après deux ans de recherches et d’optimisations, le coeur de JET ne ressemble plus vraiment à ce qui existait. Avant de vous exposer les conséquences de ces changements, nous allons nous intéresser aux changements qui ont été apportés à JET. Pour comprendre les modifications, il faut les exposer dans un ordre précis tel que ci-dessous :
1 – La structure des tables JET a été entièrement réorganisée.
A la sortie d’Exchange 4.0 en 1996, la principale préoccupation était l’optimisation de l’espace disque car les disques étaient incroyablement petits quand on y pense aujourd’hui. Chaque mega-octet était précieux. La structure de la base JET avait donc été conçue pour diminuer l’espace requis pour stocker les messages. Les développeurs avaient donc imaginé le SIR (single Instance Ratio).
Le principe était de ne stocker qu’une seule fois un message dans la base de données et de maintenir une table pour chaque utilisateur qui contenait un pointeur vers une copie unique de message. Le message restait dans la base de données jusqu’à ce que la totalité des utilisateurs détruise le message. Ainsi, si un message était reçu par 10 utilisateurs, on gagnait environ 10 fois l’espace nécessaire à son stockage.
Mais ceci avait une conséquence : pour afficher une boîte aux lettres d’un utilisateur, il fallait parcourir la table des pointeurs de ses messages pour aller ensuite, les récupérer un peu partout sur le disque. On avait gagné de la place disque, mais ceci demandait beaucoup de déplacement des têtes de lecteur des disques, donc des performances d’entrées/sorties faibles. D’Exchange 4.0 à Exchange 5.5, il n’y avait qu’une seule base par serveur, donc le SIR prenait tout son sens.
A partir d’Exchange 2000, le nombre de bases pouvant être hébergées par un serveur ont commencé à augmenter jusqu’au nombre de 50 supportées par Exchange 2007. Le SIR est donc devenu de moins en moins efficace puisque cette optimisation ne fonctionne qu’au niveau d’une base et non d’un ensemble de bases. On a donc une forte probabilité que les destinataires d’un même message soient hébergés dans des bases différentes, donc de devoir garder plusieurs copies des messages.
Exchange 2010 pourra supporter jusqu’ à 100 bases de données. En résumé, le SIR est de moins en moins efficace, d’autant que les disques peuvent maintenant avoir une capacité de plus d’ 1 Téraoctets. Pourtant, la structure de la base est la même donc, demande toujours autant d’IOs (entrées/sorties). Il a donc été décidé de supprimer le SIR dans Exchange 2010 et donc, de restructurer la base JET. Maintenant, chaque utilisateur dispose de ses propres tables qui ne sont plus liées avec celles des autres utilisateurs.
Bien que ceci demande un peu plus de place disque puisque si le message est à destination de 5 utilisateurs hébergés dans la même base, on retrouve 5 fois ce message dans la base, la conséquence directe de ce changement concerne les IOs. Exchange 2007 avait permis de diminuer de 70 % les IOs par rapport aux versions précédentes en augmentant la taille de la mémoire cache sur le serveur puisque l’on était passé sur un système 64 bits.
Le changement de structure de la base JET d’Exchange 2010 va permettre de gagner encore 50 à 70 % d’IOs sans rien changer au dimensionnement mémoire du serveur.
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