Les freins qui limitaient le développement de l'hyperviseur de Microsoft disparaissent tour à tour. Depuis la sortie de Windows Server 2012 R2, la technologie Hyper-V n'a plus grand chose à envier au leader du marché, VMware. Et la fin prochaine du support de Windows Server 2003 pourrait faire bouger les lignes.
Microsoft Hyper-V en roue libre
« Aujourd’hui, le physique est l’exception ». Christophe Dubos est architecte infrastructure et datacenter chez Microsoft France.
A ce titre, il a pu observer le passage progressif des infrastructures physiques aux environnements virtuels. « Quand un métier demande de rester en physique, il se heurte à des barrières du côté de la DSI qui est habituée désormais à virtualiser systématiquement », indique-t-il. Lors de la publication de son dernier Magic Quadrant sur le marché de la virtualisation x86, Gartner estimait que deux-tiers des workloads étaient aujourd’hui virtualisés dans le monde.
Microsoft Hyper-V
Une des limites qui persistait jusqu’à aujourd’hui est en train de s’effacer. Cette limite est celle du support des éditeurs. Face à l’omniprésence des environnements virtuels dans les entreprises, ces derniers ont fait en sorte que leurs applications puissent être utilisées dans ce cadre et apportent le support nécessaire aux utilisateurs. Microsoft publie même ses documentations d’architecture et de montée en charge d’abord pour les infrastructures virtuelles et seulement ensuite pour le physique.
Si les nouveaux déploiements sont très souvent réalisés en mode virtuel, se pose toujours en revanche la question du « legacy ». Les environnements existants ne sont quant à eux pas systématiquement migrés. L’année qui vient, pourrait bien changer la donne puisqu’en juillet 2015, Microsoft mettra fin au support de Windows Server 2003. « Si j’étais DSI, quitte à travailler sur une migration vers un système d’exploitation plus récent, je regarderais si je peux virtualiser, explique Jean-Philippe Dupuich, Chef de produit System Center chez Microsoft. Les derniers bastions du legacy vont tomber ».
Microsoft Hyper-V, VMware ou les deux ?
Hyper-V dans sa version 2012 puis 2012 R2 a comblé les lacunes qui pouvaient encore exister face à son grand concurrent VMware ESX. Réplication, virtualisation réseau ou mémoire dynamique, l’éditeur de Redmond a largement rattrapé son retard. « Bien que cela lui ait pris cinq ans, Microsoft a finalement comblé le fossé fonctionnel qui le séparait de VMware », souligne Gartner. Du côté du prix, Hyper-V a toujours offert un licencing plus avantageux.
Qu’est ce qui pourrait donc empêcher désormais Hyper-V de concrétiser cette évolution dans ses parts de marché ? Selon l’institut d’analyse américain Trefis, les parts de marché de VMware seraient passées de 64 % en 2008 à 56 % en 2013. Dans le même temps, celles de Hyper-V ont grimpé de 20 % à 28 %.L’écart se réduit au fil des ans mais est donc toujours important. La difficulté n’est donc plus technologique pour Microsoft mais plutôt humaine. La compagnie ne peut pas à elle seule imposer son hyperviseur et doit compter sur un réseau de partenaires intégrateurs. Ceux-ci n’ont toutefois pas toujours les compétences nécessaires dans leurs équipes pour implémenter Hyper-V et préfèrent miser sur une plateforme répandue avec laquelle ils ont l’habitude de travailler. « C’est une question de gestion des risques, explique Christophe Dubos, architecte chez Microsoft France. Un intégrateur va avoir tendance à répéter ce qui a déjà bien marché chez un autre client ».
Un développement au rythme du cloud
L’avenir pourrait finalement être à chercher du côté des environnements hétérogènes. D’après Al Gillen, analyste pour le cabinet IDC, plus de 15 % des entreprises auraient déployé plusieurs hyperviseurs. Un chiffre qui pourrait doubler d’ici 2015. « Quatre clients sur cinq ont adopté une stratégie de dual-sourcing », confie Jean-Philippe Dupuich. D’autant qu’il existe des solutions, chez Veeam par exemple, permettant d’ad ministrer simultanément des machines virtuelles Hyper-V et VMware.
Pour continuer néanmoins à marquer des points dans les esprits et gagner de la place dans les datacenters, Microsoft poursuit ses investissements et accélère considérablement les développements. A tel point qu’il devient difficile d’établir une roadmap. Le rythme des évolutions apportées à Hyper-V est maintenant calé sur celui de la plateforme cloud Windows Azure, qui est elle régulièrement enrichie. « Avant, il fallait publier des versions preview, puis faire des releases bêta et ensuite réaliser des centaines de validations auprès de clients.
Aujourd’hui, Azure nous permet de tester très rapidement nos logiciels à une échelle incomparable », poursuit Christophe Dubos. Pas de quoi pour autant bousculer les utilisateurs. Les prérequis matériels et les plateformes certifiées pour Hyper-V ne changent pas aussi vite. Et comme l’indique Jean-Philippe Dupuich, les clients, majoritairement sous Software Assurance, ont de toute façon accès aux dernières mises-à-jour du produit. « Nous fournissons la boîte à outils et les utilisateurs prennent au fur et à mesure ce dont ils ont besoin ».
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