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Entreprises et très haut débit : évolution des besoins et réalité des offres

Tech - Par Cyril de Metz - Publié le 21 mai 2014
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En une dizaine d’années, les liaisons Internet Haut et Très Haut Débit se sont considérablement démocratisées et ne sont désormais plus un facteur de confort, mais un acquis indispensable, pour les entreprises comme pour les particuliers.

Entreprises et très haut débit : évolution des besoins et réalité des offres

Mais si les entreprises ont toujours, de par leur taux d’équipement informatique supérieur aux particuliers, été fortement impliquées dans la dynamique de développement des liaisons Internet, leurs besoins sont fondamentalement différents de ceux du grand public.

Pour les professionnels, le choix du type de liaison Internet doit être fait en fonction de la criticité du site à raccorder, des usages, des flux à transporter, du nombre d’utilisateurs simultanés, du budget, etc.

L’internet des entreprises : Des besoins, usages et enjeux en perpétuelle évolution

Au-delà des tâches quotidiennes et de l’utilisation courante du courrier électronique et de la navigation sur le web, de multiples usages d’Internet spécifiques ont peu à peu émergé, constituant une véritable accélération des besoins en Très Haut Débit des entreprises. L’Internet des entreprises permet désormais le travail collaboratif en réseau, l’interconnexion de sites distants, l’accès à des applications en ligne en mode Saas, le télétravail, la virtualisation des serveurs, la sauvegarde en ligne, le cloud computing, la téléphonie sur IP, la visioconférence, la vidéosurveillance, etc.

Ces services spécifiques nécessitent un débit toujours plus élevé, et dans ce contexte, la disponibilité de la connexion Internet devient un besoin élémentaire, sans lequel l’entreprise est paralysée.

Le cuivre grand public : Des offres insuffisantes pour les professionnels

Pour répondre à ces hautes exigences, les offres proposées au grand public ne peuvent suffire. L’ADSL et le VDSL2, de par leur caractère asymétrique, ne permettent pas de satisfaire un besoin de rapidité d’émission de données identique à celui de réception. Le VDSL2 souffre par ailleurs de trop de limites, et exige trop de contraintes, pour constituer une solution de premier choix et automatisée pour les entreprises. On est arrivé au maximum de ce que le cuivre peut faire.

La fibre optique : La réponse au besoin de rapidité…

La fibre optique, en revanche, mérite que l’on s’y attarde. Technologie par excellence du Très Haut Débit, elle offre des capacités de transport actuellement 10 fois, voire 100 fois supérieures, selon les agglomérations, que les supports traditionnels. Aujourd’hui, les offres de fibre proposent des débits jusqu’à 100 Mbit/s partout en France, 1 Gbit/s pour les principales agglomérations et 10 Gbit/s sur Paris. Aux Etats-Unis, Google annonçait il y a quelques semaines l’extension de son projet de réseau fibre Ultra Haut Débit testé à Kansas City depuis 2011 à 34 villes américaines, leur promettant des vitesses de transmission 100 fois supérieures à celle des réseaux actuels. Mais si cette promesse peut impressionner car la vitesse de transmission favorise l’adoption de services basés sur la voix sur IP, le son, l’image et la vidéo, et avec des contraintes d’interactivité et d’usages multiples simultanés, elle ne peut être envisagée, pour les entreprises, sans une palette de garanties et de services qui ne figurent pas dans les offres adressées au grand public.

… mais qui doit être assortie de garanties

Il est avant tout nécessaire de souligner que les offres de fibre grand public proposent non seulement un débit asymétrique, mais surtout annoncent un débit « théorique » de 200 Mbit/s : une liaison fibre grand public étant utilisée potentiellement par plusieurs centaines d’abonnés, sa capacité est alors divisée entre tous ces abonnés ; le débit réel est donc réduit d’autant. Les entreprises leur préfèrent donc les liaisons « dédiées », garantissant la qualité du débit : chaque abonné dispose de sa propre fibre, depuis son entreprise jusqu’au nœud de raccordement optique équipé par le fournisseur d’accès.

Mais surtout, les liaisons grand public n’ont pas de temps de rétablissement garanti : en cas de coupure, l’opérateur a légalement jusqu’à 21 jours ouvrés pour rétablir le service ! Déjà très handicapant pour les particuliers, ce délai est inenvisageable pour les entreprises, qui ne peuvent se permettre d’interrompre leur activité à cause des aléas du réseau. Aussi les solutions professionnelles assurent-elles des liaisons garantissant un temps de rétablissement (GTR) inférieur à 4 heures.

L’option SDSL : Une alternative limitée

Pourtant, si ses atouts pour les particuliers comme pour les entreprises sont indéniables, assortis pour ces dernières d’un package de services pourvoyant aux exigences de qualité, de rapidité, de symétrie, de garantie et de rétablissement du débit, la fibre optique reste à ce jour peu répandue, bien qu’elle tende à se démocratiser à vitesse grand V. 86% des entreprises continuent d’utiliser le cuivre par le biais de lignes SDSL, pour seulement 6% utilisatrices de fibre optique. En effet, la SDSL permet de répondre à la multiplication des échanges de données et aux nouveaux usages d’Internet pour les entreprises, tout en offrant des garanties sur la qualité du débit, la disponibilité et le rétablissement du service. Cependant, bien que symétrique, le débit fourni par la SDSL n’excède pas les 20 Mbit/s, ce qui en fait une technologie Haut-Débit, alors que la fibre propose désormais de l’Ultra Haut-Débit.

Une intervention des pouvoirs publics nécessaire

En février 2013, le Gouvernement définissait le plan France Très Haut Débit, annonçant notamment la mobilisation de 20 milliards d’euros sur dix ans pour développer l’accès au très haut débit pour tous. Pourtant, un an après, la fibre en France continue de souffrir de la prédominance de l’acteur historique. Pour que sa démocratisation à grande échelle puisse être effective, il est nécessaire que les pouvoirs publics passent outre les freins structurels historiques pour donner accès à la boucle locale optique aux opérateurs alternatifs, aujourd’hui dépendants du réseau Orange (ex. France Télécom). Les autres opérateurs doivent en effet impérativement se voir garantir l’accès aux infrastructures fibre à des prix compétitifs grâce à un processus de dégroupage similaire à celui instauré pour la boucle locale cuivre d’Orange. C’est la condition sine qua non pour que puisse être assuré le maintien d’une pluralité d’acteurs, afin qu’une concurrence saine permette aux entreprises de s’équiper en très haut débit avec une qualité, des offres et des tarifs intéressants et disponibles rapidement et partout.

Le saviez-vous ?

Les termes « Haut Débit » et « Très Haut Débit » n’ont pas réellement de définition technique. Ce sont des notions relatives, qui varient considérablement en fonction de l’état des technologies à un moment donné, dans un pays donné.

Il y a 10 ans, le RNIS à 64 Kbit/s était considéré comme du Haut Débit. Aujourd’hui, en France, on qualifie généralement de Haut Débit les liaisons assurant un débit descendant compris entre 512 Kbit/s et 30 Mbit/s. Aux États-Unis, on parlera de Haut Débit à partir de 4 Mbit/s. Au Japon, le seuil est à 100 Mbit/s !

L’ARCEP a adopté fin 2012, dans sa définition du Très Haut Débit, le seuil fixé par la Commission Européenne, à savoir 30 Mbit/s.

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