Robert Eusebe, Directeur des Systèmes d’Information & Moyens Numériques chez ARTE France, et Co-président de l’Agora des DSI, nous livre sa réflexion quant à l’évolution de l’univers numérique qui émerge au cœur des entreprises vers un monde numérique…
ARTE France : vers un monde numérique…
Le phénomène de la mobilité
Ce phénomène est lié à la possibilité, pour n’importe quel individu, de disposer d’un équipement lui permettant d’accéder à l’univers numérique. Univers, bien entendu, sans frontière, qu’il s’agisse de la vie privée ou professionnelle ! « Et ces deux aspects sont bien mêlés dans l’espace numérique » souligne Robert Eusebe. D’un espace défini avec des locaux (milieu professionnel ou sphère privée) et des barrières temporelles, on arrive, aujourd’hui, à un espace numérique sans frontière et sans limite géographique.
Si l’utilisateur, grâce à son équipement (smartphone, tablette, …), rentre directement dans un monde numérique, qui se comporte totalement différemment de l’univers physique connu jusqu’ici, le fonctionnement, les méthodes de travail et les organisations s’en trouvent donc, à juste titre, profondément modifiés.
« Ce mouvement est irréversible, il est parfaitement inutile de lutter » admet Robert Eusebe. La réflexion doit, désormais, porter sur la meilleure façon de l’appréhender et de le mettre en oeuvre, même si ce mouvement en est aux prémisses et si les règles actuelles, seront sujettes à modification et amendement dans les prochaines années.
Ce mouvement de fond va, considérablement, modifier la vie de tous, la société, le milieu du travail. « Le BYOD est peut-être la face émergée de l’iceberg, mais, l’individu, le salarié et le citoyen rentrent dans le monde numérique de plain-pied » commente Robert Eusebe.
BYOD : d’une étape à l’autre
Chez ARTE France, on procède étape par étape. Pour la téléphonie et l’accès au réseau, les personnes autorisées selon leur fonction ou niveau hiérarchique, peuvent choisir l’équipement qui leur convient avec un forfait fixe.
Les autres salariés franchissent déjà un premier pas avec la messagerie postée sur le Cloud (Office 365), disponible 24 heures/24 et 7 jours/7 sur tous les types d’équipement. La connexion est simplement initiée, l’accès est ainsi possible et accepté avec les équipements personnels, sans aucun engagement, pour autant, de la DSI sur le support technique et le suivi. Dans l’entreprise, la messagerie ne présente pas, forcément, de risque majeur dans la mesure où, d’une part, le métier du fournisseur n’est pas
l’exploitation des données personnelles, et d’autre part, la messagerie n’est pas considérée comme une application critique. Les messages sont envoyés sans aucun cryptage.
L’étape cruciale à venir est de mettre à disposition sur les équipements mobiles, les applications métier, avec la mise en place d’outils à destination des forces commerciales et de CRM. Dans ce cas, effectivement, d’autres dispositifs supplémentaires seront mis en oeuvre pour s’assurer que le terminal ne soit pas infecté, et ne pas compromettre la confidentialité et l’intégrité des données. Robert Eusebe rappelle, toutefois, que la DSI a déjà été confrontée à des situations comparables lors de la mise en place d’internet et de l’ouverture des accès. Si les méthodes de travail sont, donc, déjà existantes (analyse des risques et des vulnérabilités), quelques outils adaptés aux terminaux mobiles (MDM, Mobile Device Management) seront certainement appliqués (localisation en cas de perte, destruction des données à distance si besoin). « En termes de méthodes et de changements, les choses sont connues et maîtrisées, les outils seront simplement nouveaux car la situation et les terminaux le sont également » ajoute Robert Eusebe.
Un peu de prospective…
L’internet des objets, vision pas si futuriste que cela, finalement, se profile peu à peu, un grand nombre d’objets qui forment notre quotidien, seront connectés sur le web. « Une sorte de numérique ambiant permettra aux uns et aux autres de vivre dans de meilleures conditions, avec certaines précautions à prendre cependant » affirme Robert Eusebe.
Le smartphone (ou la tablette) semble être l’équipement ‘point d’entrée’ vers le monde numérique permettant à tous d’accéder à cet internet des objets (voiture, domotique, surveillance…). La dynamique est nouvelle et fondamentale, « elle va changer le rapport au travail, la façon dont les citoyens vont vivre, le terminal mobile devient le compagnon numérique de chaque individu ». Les impacts seront étudiés et détaillés afin de mettre en place les éléments de fonctionnement permettant aux salariés
de vivre mieux et à l’entreprise d’être plus efficace.
Les enjeux restent essentiels et oscillent entre le respect de la vie privée et le monde professionnel, entre les attentes des salariés et les souhaits de l’entreprise. Des risques aux opportunités, du salarié à l’entreprise, il faudra sans doute dépasser cette simple phase d’observation et de réflexion, sans pour autant s’exposer, ni compromettre ses intérêts.
Comprendre la réelle valeur des données
Aujourd’hui, la valeur se situe indéniablement dans les données personnelles. D’ailleurs, les modèles économiques des entreprises les plus florissantes ne sont-ils pas ceux qui exploitent cette valeur nouvelle, à savoir les données personnelles ? S’il y a 50 ans, la valeur se portait sur le hardware, s’il y a 20 ans, même 10 ans, c’était le software, maintenant, la valeur se porte, sans aucun doute, sur les
données personnelles parfaitement bien exploitées. La valeur se déplace, au fur et à mesure, et se positionne sur des éléments fondamentalement nouveaux.
« Sur ces données personnelles, il serait vivement souhaitable qu’une gouvernance internationale se mette en place face aux dangers » commente Robert Eusebe. Cette valeur serait ainsi soumise aux mêmes règles, lois, fiscalité que les autres flux financiers, matériels et humains. En effet, ces flux de données sont actuellement totalement libres et glissent de l’Europe vers les Etats-Unis sans aucune contrepartie, ni régulation ! Il est grand temps que le législateur s’empare de cette question et que le monde numérique s’organise afin d’être une source de richesse pour les états.
Même sensibilisés, face à la fuite des données, le niveau d’acceptation et d’écoute des utilisateurs demeure très variable. Au-delà des règles du législateur, des règles de bon sens devraient émerger simplement et s’appliquer quotidiennement, pour exemple, l’exposition dans les réseaux sociaux….
Monde numérique et responsabilités… Un effort ne devrait-il pas être partagé par tout citoyen ?
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