Le marché du stockage se transforme, aussi bien dans les modes de consommation avec le cloud que dans les technologies utilisées avec la montée du flash ou du stockage objet. En tant que fabricant d'infrastructure et éditeur de logiciels, Oracle bénéficie d'une vue globale sur ces évolutions.
Oracle : « Le stockage évolue vers l’intégration applicative »
David Dariouch, responsable des solutions Virtualisation et Stockage Oracle France, nous éclaire sur leurs apports réels dans le fonctionnement des applications d’entreprises.
IT Pro Magazine : Quelles évolutions observez-vous sur le marché du stockage ?
David Dariouch : Le marché de l’infrastructure en général, et du stockage en particulier, est en train d’évoluer. Il y a de moins en moins de déploiements traditionnels, c’est-à-dire de baies de stockage ou de serveurs classiques.
Aujourd’hui, les entreprises se dirigent de plus en plus vers des solutions avec une intégration applicative. C’est un cheminement progressif vers le cloud que nous observons avec d’un côté, un marché traditionnel en perte de vitesse, et de l’autre, l’émergence du cloud sous toutes ses formes, privé, public ou hybride.
En ces périodes de réduction des budgets IT dans les entreprises, les clients et entreprises qui nous sollicitent, s’intéressent de plus en plus à l’efficacité des solutions qu’ils achètent. Cela sous-entend l’intégration intelligente dans leur environnement pour adresser de multiples besoins avec un seul système. Faire plus avec moins, en somme.
Cela nous amène à nous positionner avec l’ensemble de nos produits pour proposer des solutions de stockage au service des applications, sous forme d’appliances par exemple. Cela va dans le sens du marché. D’après les analystes, nous arrivons à une limite. On pensait que le marché du stockage était évolutif à l’infini. On s’aperçoit désormais que ce n’est pas tout à fait le cas. Tout d’abord parce que le coût au gigaoctet du matériel continue de manière inéluctable à se réduire. Il faut donc vendre de plus en plus de volumétrie pour conserver un même niveau de revenus. Ensuite, il y a un glissement de l’infrastructure vers les hébergeurs qui, avec l’expansion des offres externalisées, deviennent nos nouveaux clients.
Le stockage dans le cloud séduit-il les entreprises et quelles solutions pouvez-vous leur proposer ?
Nous avons tout d’abord une offre de stockage cloud via nos applications SaaS. C’est une activité de déploiement dans le cloud d’applications ou de bases de données, souvent dans une optique de test, de pré-production ou de PRA. Les entreprises gardent ainsi chez elles une infrastructure privée, pour la production ou les données critiques qu’elles ne souhaitent pas externaliser et peuvent dans le même temps externaliser des environnements moins critiques sur une infrastructure équivalente à celle qu’ils ont achetée chez nous, sans avoir besoin d’acquérir du nouveau matériel.
Le deuxième usage est celui du IaaS. C’est la possibilité pour nous de vendre chez nos clients ou dans nos datacenters des infrastructures serveurs et stockage managées par Oracle. Cette solution permet de résoudre les problèmes de Capex. Il y a une demande de plus en plus forte du marché pour pouvoir maîtriser les budgets par un transvasement vers l’Opex d’un certain nombre d’infrastructures.
Dans les deux cas, il faut bien faire attention à la définition que l’on donne au cloud. Pour nous, cela tient en deux choses : l’intégration applicative de la partie stockage et l’automatisation. Concrètement, c’est être capable de déployer des ressources au service des applications de manière la plus optimisée et automatisée possible. Cela sous-entend d’avoir consolidé une infrastructure et des applications sur un espace global mutualisé et sur cet espace, de piocher selon des règles de qualité de service et de besoin applicatif.
L’affaire Prism est-elle un frein pour un acteur américain comme Oracle ?
Le seul frein qui pourrait exister serait pour des clients qui souhaiteraient externaliser leurs données dans le cloud. Ceux-là peuvent effectivement demander à ce que leurs données soient stockées en France ou en Europe.
Nous répondons à ce besoin via des offres déployées par nos partenaires avec nos solutions. En dehors de cela, il y a une clarté dans notre stratégie et nos produits. Plus personne ne se pose de questions sur le fait qu’Oracle est un acteur majeur du monde de l’infrastructure. Nous sommes un des seuls à continuer à investir dans le hardware, là ou d’autres acteurs sont en train de s’en éloigner. Les clients viennent vers nous car ils ont confiance en notre roadmap.
Oracle est à la fois éditeur logiciel et constructeur ‘infrastructures. Comment gérez-vous l’interopérabilité de vos produits ?
Chez Oracle, nous avons la capacité de développer des solutions matérielles et logicielles très imbriquées. Quand nos logiciels sont stockés sur nos baies, nous pouvons mettre en oeuvre des optimisations techniques en termes de performances ou de gestion de l’efficacité, comme le positionnement automatique d’une table sur le stockage le plus adapté par exemple. Nos produits vont communiquer entre eux pour s’auto-optimiser.
Oracle se positionne néanmoins comme fournisseur d’infrastructures au sens large. Il existera toujours des fonctionnalités spécifiques quand nos logiciels tournent sur nos matériels. Mais ces mêmes logiciels peuvent être installés sur du hardware tiers, et à l’inverse, nos solutions matérielles peuvent stocker n’importe quel type de données. Les trois-quarts du temps, nous vendons nos baies pour répondre à des projets non-Oracle. Si l’on veut être fournisseur de cloud privé, nous sommes obligés de reconnaître qu’il n’y a pas que de l’Oracle dans les datacenters.
Comment adressez-vous les besoins en stockage flash ?
Nous avons estimé que la meilleure façon d’exploiter cette technologie était de pouvoir intégrer le flash au sein de produits existants. Dans les appliances ZFS ou Pillar Axiom, il est aujourd’hui possible d’intégrer du flash. Nous pouvons fournir des solutions full-SSD pour des besoins d’ultra-performances ou intégrer dans la même baie, du flash et du disque traditionnel et garantir ainsi un bon fonctionnement pour les applications qui utilisent cet espace mutualisé. Cela évite aux clients d’acheter deux machines.
On trouve aussi du flash dans les appliances comme exadata ou supercluster. Ces cartes flash positionnées directement dans les serveurs permettent d’accélérer les performances en réduisant la quantité d’IO sur le stockage. Notre capacité à voir l’ensemble de la chaîne nous permet d’optimiser les baies de stockage avec du SSD, mais aussi les serveurs en intégrant du flash, et pardessus, de développer des applications qui vont reconnaître le type de stockage présent et optimiser automatiquement l’utilisation de ces différentes ressources.
Quelle est la demande réelle des entreprises aujourd’hui en matière de stockage flash ?
Le stockage pur flash est un marché qui n’est pas encore très développé même si une progression est prévue dans années qui viennent. Les clients qui nous demandent spécifiquement une solution SSD représentent une minorité de dossiers.
Le flash vient souvent s’intégrer dans un projet global. Quand on vend une solution de stockage à une entreprise pour l’ensemble de ses besoins applicatifs, nous allons identifier une ou deux applications avec ce besoin de performances. Cela représentera peut-être 10 % de la capacité totale de la machine. Nous vendons. aussi des upgrades SSD pour ne pas avoir à racheter une solution flash complète.
Nous avons un devoir de conseil en tant qu’éditeur et constructeur. Si nous identifions que c’est la meilleure solution, nous la proposerons. Mais il y a un décalage entre la volumétrie totale et celle qui est véritablement accédée. C’est une chose que les clients ont parfois du mal à appréhender. À l’intérieur de la solution existante, 90 % des données ne sont pas accédées. Il suffit donc généralement d’intégrer un peu de SSD pour maximiser les performances sur cette petite partie de volumétrie qui est souvent accédée. Nous amenons les clients vers ce type d’approche avec un coût au giga maîtrisé.
2014 peut-elle être l’année de la maturité pour le stockage objet ?
C’est un marché que nous ne voyons pas décoller. C’est encore quelque chose d’assez confidentiel. Il est extrêmement rare d’être face à un client qui dit vouloir un stockage objet. Le marché reste lié à la capacité de quelques fournisseurs à vendre des solutions très spécifiques. Nous observons néanmoins cela de très près, notamment en ce qui concerne la construction de solutions cloud. Nous travaillons actuellement sur la possibilité de gérer de très grosses volumétries sur un stockage composé de baies de disques ZFS ou Pillar Axiom et de librairies Storage Tape vues de manière unifiée comme un seul système global et sur lequel il faudrait indexer les fichiers pour pouvoir les retrouver. Nous travaillons dans cette direction avec la volonté de rester le plus universel possible.
Le marché de la bande est-il toujours très actif ?
Notre gamme Storage Tape se porte merveilleusement bien. Nous avons une très grosse base installée qui ne diminue pas. C’est un très gros marché de renouvellement que nous adressons avec une gamme simplifiée composée de 3 modèles : 150, 3000 et 8500. Avec l’entrée de gamme, les entreprises peuvent acquérir pour moins de 10 000 euros une libraire très évolutive, qui peut démarrer avec deux lecteurs et trente slots puis monter ensuite jusqu’à 300 slots. Cela nous permet de répondre à des petits projets de sauvegarde avec un petit tarif et de pouvoir évoluer jusqu’à des centaines de téraoctets si nécessaire, sans remettre en cause l’investissement de départ.
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