Interxion avec 39 datacenters sur 13 villes dans 11 pays européens est à l’avant-garde de toutes les tendances. Fabrice Coquio, Président de l’entreprise, revient sur les places fortes en construction.
Les nouveaux Hot Spots européens
iTPro : Quelles sont les évolutions en cours en matière de Datacenter en Europe ?
Fabrice Coquio : Premièrement, les besoins et les dépenses informatiques restent très concentrés sur les capitales économiques, Paris représente plus de 75% de la dépense IT en France. On est toujours dans un concept de centralisation, pour Paris, Madrid, Stockholm et autres… Ce qui est relativement récent, c’est que nos clients, qu’il s’agisse de grands opérateurs télécoms, de l’internet, d’acteurs du cloud, de l’intégration ou de grandes entreprises, envisagent désormais leurs implantations de plateformes dans une dimension dépassant la co-localisation à un seul endroit et s’adressant à une sorte de distribution régionale voire intercontinentale. La multiplication des réseaux télécoms, des services disponibles, des temps de latence de plus en plus bas, rend cette tendance possible.
Nous traduisons cela par le concept de « continent à continent » ou si on parle de continent de « ville vers une région ». Nos clients considèrent leur positionnement dans certaines villes pour entrer dans une Gateway, c’est-à-dire une porte vers une autre région voire un autre continent. Nous avons identifié des villes qui connaissent en ce moment une croissance considérable, bien au-delà des 15% classiques du datacenter, Stockholm, Marseille, Vienne et encore Londres. Pourquoi ? Parce que ces Hot Spots correspondent à un marché local mais surtout à une ouverture vers des sous-régions. La Russie et les Pays-Baltiques pour Stockholm, l’Europe centrale et de l’Est pour Vienne, le continent africain et le Moyen-Orient pour Marseille.
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Quelles sont les spécificités de ces villes ?
Trois explications, je pense, l’une d’ordre politique, une financière et la dernière liée à un saut technologique. L’informatique, c’est produire de la donnée, la stocker, puis l’envoyer. On assimile cela à la notion de fret ‘, lorsque c’est court, c’est cher, et plus c’est rapide, plus c’est efficace. Les câbles de fibre optique évoluent. Aujourd’hui, pour pouvoir pousser le signal d’un point A à un point B, on utilise des répéteurs placés tous les 50 à 80 kilomètres.
Avec ces câbles de plus en plus purs au niveau de la fibre optique, on est passé sur des répéteurs de type optique qui régénèrent eux-mêmes le signal par un laser et permettent d’accélérer considérablement le flux. Le temps de latence se réduit. Le saut technologie permet donc d’envoyer un paquet de data extrêmement rapidement. De nouveaux câbles terrestres posés notamment en Europe Centrale et Europe de l’Est arrivent tous à Vienne, dans le golfe de Bosnie en sous-marin, et l’installation de ces câbles se poursuit, en ce moment en méditerranée…
Pour la dimension financière, il est plus rentable lorsque vous vous appelez Google, Facebook ou Microsoft de concevoir de gros points de distribution permettant d’arroser plusieurs sous-régions ou pays plutôt que de fragmenter l’infrastructure. S’il est possible de la concentrer alors il faut se tourner vers des standards mondiaux et abaisser le coût de structure en vous appuyant sur des prestataires de datacenter de qualité.
Enfin, l’explication politique. Aujourd’hui, un grand acteur européen ou américain préférera positionner ses plateformes dans l’Union Européenne en raison de notions de sécurité, d’état de droit, d’environnement fiscal et juridique stable.
Pouvez-vous développer le cas de Marseille ?
Marseille est un cas très particulier et sûrement la ville avec le plus bel avenir. Depuis toujours, ville de transit télécom, des câbles sous-marins irriguent l’Europe de l’Ouest. En venant du canal de Suez, d’Asie, d’Asie du Sud-Est, d’Inde, du Golfe persique ou Moyen-Orient, pour rejoindre le cœur de la consommation informatique européenne, le fameux FLAP [ndlr : Francfort, Londres, Amsterdam et Paris], il faut viser au plus court et le plus longtemps possible sous l’eau, pourquoi ? Aucun permis à demander, et c’est moins cher qu’un câble terrestre.
C’est ici purement un avantage géographique. Depuis Marseille, il est possible de placer différents câbles, par exemple sur les rives du Rhône jusqu’en Bourgogne, Paris et Francfort sont ensuite à portée de main. Longtemps ville de transit, Marseille devient désormais une ville de contenu. On va produire et stocker de la donnée à Marseille pour ensuite la distribuer. Les grands acteurs qui s’implantent dans cette ville ont donc des ambitions visant l’Afrique et le Moyen-Orient.
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