2025, un « âge de raison » pour l’écosystème de la technologie ?

Martin Hager, fondateur et PDG, Retarus partage son analyse du sujet.

L’IA descend de son piédestal

Si la présence de l’IA continue de dominer dans tous les secteurs, elle commence à descendre de son piédestal. Certaines de ses promesses ont été en partie été déçues : la « course à l’IA » a conduit à la multiplication des investissements et des projets qui ont souvent été accueillis avec désillusion, et un regard critique s’est formé sur son ROI, sa gestion, et sa pertinence au sein des processus existants des entreprises. Ces dernières sont de plus en plus conscientes du fait que son intégration doit être fondée sur une stratégie concrète sur le long terme. En 2025, elles se concentreront sur l’identification des cas d’utilisation où elle peut apporter une réelle valeur ajoutée.

Elles devront évaluer si l’IA contribue réellement à améliorer leurs défis opérationnels ou à éclairer leur prise de décision, ou si elle ne fait que créer des informations et données supplémentaires qu’elles ne pourront pas exploiter correctement.

En outre, la précision de l’IA restera un problème : en raison de son modèle statistique, l’IA n’est généralement jamais juste à 100 %, et on ne peut donc pas lui faire confiance pour tout. Dans certains cas critiques, une précision de 80 ou 90 % n’est tout simplement pas suffisante.

La tech “historique” restera une valeur sûre

2025 fera donc passer l’écosystème d’une dynamique d’“innovation pour l’innovation” à une innovation plus intentionnelle autour de l’IA – qui n’est d’ailleurs pas la bonne (ou l’unique) réponse à tous les défis technologiques. Les meilleurs outils ne sont pas toujours les plus récents, et nous assisterons probablement à une utilisation renforcée des technologies plus “anciennes” et établies.

Dans le domaine des communications entre entreprises en particulier, la mise en œuvre des technologies les plus récentes peut être tentante en raison des enjeux liés à l’accélération de la digitalisation. Cette tendance va toutefois va régresser. Les technologies plus établies comme l’e-mail, le fax et le SMS resteront des canaux de communication importants pour les entreprises. De même, la “course au Cloud” pourrait ralentir, les entreprises réalisant que les systèmes sur site peuvent être tout aussi pertinents. Les technologies “anciennes” ne s’opposent toutefois pas à l’innovation. Au contraire, elles jouent un rôle crucial dans les projets de transformation numérique, en sous-tendant le développement de solutions fiables et durables.

Les technologies de protection des données et de conformité en première ligne

Avec l’entrée en vigueur de réglementations clés telles que la DORA et NIS2 et la démultiplication des cyberattaques, les entreprises accorderont plus que jamais la priorité à la protection des données et à la conformité. Elles devront adopter des mesures robustes pour protéger les données sensibles de leurs clients et garantir la conformité avec les cadres juridiques en place.

Alors que la surface d’attaque s’élargit avec l’adoption du travail à distance, de l’informatique dans le Cloud et de l’IoT, les entreprises donneront la priorité à des stratégies de sécurité fondées sur des solutions éprouvées et résilientes. Le chiffrement, l’authentification multifactorielle (MFA) et le partage de renseignements sur les menaces font leur retour, complétées par de nouvelles technologies afin d’offrir le plus haut niveau de protection. À l’horizon 2025, les entreprises devront évaluer la solidité de leurs systèmes existants d’un œil critique, et identifier les possibilités d’amélioration grâce à des solutions fiables adaptées aux dernières évolutions de l’écosystème.

L’écosystème devra s’adapter aux premiers impacts du mandat de Trump

Il ne fait plus aucun doute que la nouvelle présidence américaine aura un impact significatif sur l’écosystème technologique mondial. Les États-Unis étant un point focal pour l’innovation, les décisions à grande échelle prises au niveau fédéral auront des répercussions en Europe – en particulier en ce qui concerne la réglementation (ou son absence) de l’IA et des opérations des Big Tech. Le projet Stargate, bien qu’il soit loin de disposer des ressources nécessaires à ce stade, est un exemple des ambitions de la nouvelle administration en matière d’IA.

Comme les premières craintes pour l’économie européenne dans son ensemble le montrent, l’impact ira au-delà de la technologie. L’augmentation prévue des tarifs commerciaux soumettra les entreprises à une pression encore plus forte sur les coûts, ce qui les obligera à repenser leurs processus et l’affectation de leurs ressources. Cela devrait les amener à se concentrer davantage sur les technologies permettant de réduire les coûts et de rationaliser et automatiser davantage les opérations.

En résumé, les entreprises adopteront cette année une approche plus pragmatique de l’adoption des technologies, en se concentrant sur les solutions qui offrent des avantages tangibles. L’accent sera mis sur la cybersécurité, la protection des données et la résilience opérationnelle dans un monde de plus en plus complexe et instable. Plutôt que de chercher des transformations radicales, l’écosystème s’attachera à apporter des améliorations progressives aux opérations mais efficaces afin de gagner en stabilité en période d’incertitude.