Expert Storage chez Dell, Laurent Tisseyre intervient auprès des CIO et CEO de grandes entreprises (banques, télécommunications, compagnies aériennes) dans une trentaine de pays de la zone EMEA.
Sa mission est d’aider à intégrer les nouvelles technologies et d’apporter un support aux clients finaux. Il complète l’avis d’expert publié par son collègue Jérôme Osineri et précise la stratégie « Stockage » de Dell.
iTPro.fr : Pouvez-vous nous expliquer le concept d’Intelligent Data Management (IDM) ?
Laurent Tisseyre : L’IDM n’est que le nouveau nom de ce qu’on appelait il y a quelques temps l’ILM (Information Lifecycle Management). C’est la vision qu’on a des données. Avant on gérait la donnée par son importance financière et structurelle pour l’entreprise. Aujourd’hui on intègre aussi la façon dont on va pouvoir y accéder. L’IDM c’est la définition de la manière dont on va stocker la donnée et y accéder : plus ou moins simple, plus ou moins rapide, plus ou moins complexe.
Vous intervenez régulièrement auprès de dirigeants de grandes entreprises. La baisse des budgets qu’ils accordent à l’IT, évoquée par Jérôme Osineri, est-elle généralisée ?
Elle est globale, en effet. Mais elle n’est pas non plus majeure. Les budgets ne sont pas divisés par deux. La partie stockage est l’un des secteurs qui en souffre le moins. Les DSI mettent en œuvre des projets de consolidation et de virtualisation du stockage et sont prêts à investir. Mais il faut pouvoir leur garantir que le coût global de possession et les frais de support, garantie et maintenance seront plus faibles que ce qu’ils pouvaient avoir jusqu’à maintenant.
Les solutions de stockage traditionnelles et monolithiques sont menacées par des nouvelles solutions plus souples et plus évolutives, qui n’impliquent pas de charges ou de coûts cachées importants. Les DSi font la chasse aux coûts cachés et ont une vraie approche du TCO. On a longtemps parlé du TCO du poste de travail mais aujourd’hui on parle également du TCO du stockage car les besoins exposent. Les DSI se rendent compte que les coûts d’acquisition sont relativement faibles en comparaison des coûts de possession.
Quels sont les intérêts du stockage virtuel ?
Une approche plus souple, la possibilité de pouvoir évoluer plus facilement, de subir avec une plus grande liberté les évolutions technologiques et de les intégrer plus facilement au sein de son stockage. En termes de management, la virtualisation du stockage rapproche les équipes de la partie système et du stockage. Ce sont aussi des stockages plus économiques et plus faciles à mettre en œuvre, moins chers à maintenir et plus faciles à faire évoluer. Ce sont vraiment des solutions d’avenir.
Quelles solutions peut-on trouver chez Dell ?
Nous avons racheté le constructeur Equallogic il y a maintenant trois ans. Nous sommes sur un premier niveau de virtualisation du stockage avec une offre d’entrée ou milieu de gamme. Nous sommes actuellement en train de valider l’acquisition de Compellent avec une approche un peu plus évolutive en termes de volumétrie et d’architectures. Nous n’avons plus cette approche avec une brique intelligente qui va gérer l’ensemble de la solution et des briques passives qui vont gérer uniquement la volumétrie. Nous voulons offrir une solution plus souple où l’intelligence est répartie et où la performance globale est supérieure.
Allez-vous acquérir de nouvelles structures cette année ?
Les acquisitions vont très vite. Compellent, dont l’accord a été finalisé le 13 décembre, sera intégré dans la division Storage de Dell courant février. Nous avons acquis l’an dernier Ocarina qui a développé des technologies dans le domaine de la déduplication. Nous avions aussi acheté des actifs de la société israélienne Exanet, qui nous a permis d’intégrer la technologie Exastore au sein de nos solutions de stockage. Dell a enfin tenté de racheter 3Par mais une concurrence avec un autre acteur du monde de l’informatique (HP, ndlr) nous a empêché de terminer cette acquisition.
Bien évidement, d’autres sont prévues. Depuis l’acquisition Equallogic, nous intégrons ou achetons tous les six mois une technologie ou une structure pour accroître notre offre, comme la déduplication ave Ocarina, ou l’accès unifiée avec Exanet. Dell a la volonté de devenir un acteur majeur du stockage. La preuve étant qu’aujourd’hui nous avons une division stockage à part entière. Nos axes majeurs de développement ne sont ni les PC portables, ni les ordinateurs de bureau, mais bien le service et le stockage.
Il y a encore cinq ou six ans, Dell n’était pas un acteur majeur du stockage. Aujourd’hui, nous travaillons toujours avec EMC, mais nous souhaitons proposer à nos clients des produits pour lesquelles nous avons une maîtrise totale.
Le cloud privé est-il plus sûr que le cloud public ?
Nous avons tous vu avec la publication d’informations diplomatiques issues des rangs américains que la sécurité est un problème global. Les audits révèlent que 70% des failles de sécurité et des attaques sont le fait de collaborateurs, d’anciens collaborateurs ou de personnes ayant la capacité d’intervenir directement au sein du système d’informations.
Avec un cloud privé, on va effectivement pouvoir imposer des méthodes d’authentification plus forte et plus contraignante aux collaborateurs. Le cloud privé a toutes les grâces auprès des DSI. Mais les solutions aujourd’hui mises en œuvre pour sécuriser du cloud public sont excellentes. Le niveau de sécurité doit être en fait être à la mesure de la valeur des informations. Les prochaines acquisitions de Dell par exemple, ont un niveau de confidentialité majeur. Les mécanismes de sécurité sont donc forts. Mais ceux qui veulent y accéder peuvent également mettre en œuvre des moyens plus élevés pour briser ces mécanismes.
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